Sylvain Tesson a parcouru le monde en long, en large, en travers et même en hauteur. Et pourtant, il l’avoue de lui-même dans La Panthère des neiges : “Moi, j’avais battu les steppes pendant vingt-cinq années sans déceler dix pour cent de ce que Munier captait”.

Munier ? C’est le photographe animalier rendu célèbre notamment par ses fameux clichés du loup arctique, aussi connu comme “le fantôme de la toundra”. Un artiste/philosophe devenu maître dans l’art de voir l’invisible. Avec Sylvain Tesson, il est parti en 2018 sur les traces de cette panthère qui fait croire à tout le monde qu’elle a disparu. De ces jours d’attente et de contemplation, Tesson a rapporté cette leçon : “On peut s’échiner à explorer le monde et passer à côté du vivant ”.

Passer à côté du vivant, c’est aussi un peu l’histoire de notre civilisation. Et sur le sujet, on pourrait continuer à citer Tesson pendant des heures.... Mais à la place, on va plutôt vous filer deux conseils:

1, lisez
La Panthère des neiges.
2, ré-apprenez à voir “
ces yeux ouverts dans des visages invisibles”.

Par exemple en suivant sur Instagram nos photographes animaliers préférés.
En voici quelques uns :

Vincent Munier : Il parle aux loups, supporte l’attente comme un moine taoïste et sait voir l’invisible. Dans un registre plus matériel, c’est aussi le seul photographe à avoir reçu 3 fois le BBC Wildlife Photographer of the Year - prix le plus prestigieux de la photo animalière.

Jérémie Villet : Ses clichés, il les prend uniquement des paysages de neige immaculée. Comme pour montrer que la vie est encore plus belle quand il n’y a rien autour.

Gourmet Biologist : La science-fiction la plus débridée, l’artiste le plus barré... rien de tout ça n’arrive au tarse (l’équivalent de la cheville, pour les oiseaux) des zooms psychédéliques de Sean Graesser.

Jason Collins : Condamné à intervertir ses initiales faute à un patronyme un peu trop répandu, Jason Collins (casonjollins, sur Insta) s’est spécialisé dans le cliché des oiseaux ordinaires de son petit état américain, la Géorgie - pour prendre des nouvelles des nos cousins volatils d’Amérique.

David Doubilet : Entre terre et mer, David Doubilet a inventé le cliché aquatique transfrontalier, représentant à la fois ce qui se passe à la surface et en dessous. Parce qu’il faut toujours envisager les deux côtés du problème.

Two Field Oaks : C’est un compte quasi anonyme et pourtant. Sans artifice ni matos technique, Roxane Hawkin documente le passage des saisons en prenant presque tous les jours une photo de l’arbre en face de chez elle. Monomaniaque, oui. Monotone, jamais.

Des comptes à nous recommander ? Dites-nous tout là, on enrichira cette sélection :)

Photo : Vincent Munier