Début septembre, les urbains n’ont d’yeux et d’oreilles que pour la rentrée scolaire. Pendant ce temps, loin des villes, d’autres scrutent le ciel à la recherche de signes annonciateurs d’une autre rentrée : la rentrée solaire. 

Le soleil a-t-il suffisamment abreuvé la vigne de ses rayons ? Le taux de sucre annonce-t-il un bon potentiel de vinification ? C'est en lisant ces signes que les vignerons décident si, oui ou non, il est temps de “rentrer le raisin” - inaugurant alors la période des vendanges. 

En temps normal, les vendanges commencent mi-septembre. Grand pataquès climatique oblige, cette année, on a vendangé dès le 15 août dans le sud - en pleine nuit, pour éviter le cagnard du jour. Un peu plus au nord, ça se passe en ce moment. Et faire les vendanges, c’est aussi redécouvrir une solidarité paysanne qui est loin d'être uniquement proverbiale. 

Alors voici donc quelques grappes de sagesse récoltées entre les pieds de vignes. 

-L’humain est rare. Dans les zones à faible densité, tout visage rencontré mérite d’être salué. 
-Tout échange est précieux. On oublie les “Salut ça va ? Ça va et toi ?” en mode pilote automatique des urbains trop pressés. On répond vraiment à la question en donnant des nouvelles de ses vignes, de ses bêtes, de sa famille, ou de tout autre entité qui compte à nos yeux. 
-On n’y arrive pas tout seul. Tout paysan sait qu’il aura forcément besoin de l’autre un jour prochain. Il faudra demander un coup de main, une pompe pour dépanner, un fenwick pour soulever une cuve trop lourde... Les relations se consolident à la perspective de ce besoin potentiel de l'autre. 
-Avant tout échange matériel, on peut déjà donner beaucoup. Premièrement, de l'attention. Deuxièmement, du temps. 

On vous souhaite à vous aussi une rentrée pleine de vendanges fructueuses. 

PS : Pour mieux comprendre le travail des vignerons et l’état d’esprit de ceux qui cherchent à se rapprocher de la nature, lisez le très beau Pur Jus de Fleur Godart et Justine Saint-Lô.