En Pologne, à la frontière de la Biélorussie, il est un endroit qui semble appartenir aux limbes, cette dimension hors du temps et de l'espace. Par sa position géographique, il devrait être au coeur des conflits du moment, dans une zone tampon entre la Russie et l'Occident. Mais il en est en même temps fondamentalement éloigné – tant c’est un espace qui n’a pas changé depuis 11 000 ans… 

Cet espace, c’est la forêt de Białowieża, dernière forêt primaire d’Europe – c’est-à-dire la seule qui n’ait pas été transformée par les activités humaines. Y entrer, c’est voyager dans le passé vers un écosystème sauvage mais aussi minutieusement régulé, capable d’appeler sur lui la pluie par temps de sécheresse. 

C’est là aussi que le philosophe/pisteur Baptiste Morizot est parti S’enforester avec le photographe Andrea Olga Mantovani. Quand il raconte son périple dans ces bois, Morizot exprime son émerveillement devant le temps qui passe, la sensation d’appartenance à un éco-système dont l'humain s'est coupé, et même la gratitude qu'il ressent vis-à-vis des insectes.

Comme Białowieża est à 2000km de Paris, on s’est dit que ce dernier point était peut-être le plus facilement accessible. Et on a voulu exprimer, nous aussi, notre gratitude à ces insectes dont, jusque dans les expressions de la langue française, on minore l’intérêt. 


Les vers de terre
Star du sol selon le CNRS, ils creusent jour et nuit des galeries qui favorisent la bonne aération du sol, le développement des racines et la circulation de l'eau. 
Combien ils sont ? Comptez en moyenne 1 tonne de vers de terre par hectare (soit l’équivalent de 3 vaches) qui digèrent chaque année entre 300 et 600 tonnes de terre. 

Les fourmis
Comme les vers, elles sont les alliées qui entretiennent gratuitement le sol où nous marchons. Leurs tunnels aèrent le sol et elles retournent naturellement la terre en remontant les particules et les petits cailloux à la surface. 
Combien elles sont ? Accrochez-vous : 20 000 000 000 000 000, c’est-à-dire 20 000 millions de millions. Et selon les estimations, toutes les fourmis réunies pèseraient plus lourd que l’intégralité des mammifères et des oiseaux sauvages de la planète…

Les cloportes
Pas facile d’exprimer de la gratitude à un cloporte ? Et pourtant, il y aurait de quoi être fasciné par ce crustacé égaré loin de sa famille (il est le seul à vivre hors de l’eau), doté d’un exosquelette digne d’Avatar (fait de calcaire, de calcium et de chitine), qui respire par des branchies constamment remplies d’eau, même à l’air libre… Même en restant insensible à cela, il faut au moins saluer sa grande compétence en agro-foresterie : en se nourrissant de débris végétaux, il accélère la fabrication de l’humus et contribue à la vitalité du sous-bois. Merci le cloporte. 

Les araignées
Oubliez l’araignée du matin = chagrin, araignée du soir = espoir. L’araignée chez soi, c’est toujours une bonne nouvelle : ce chélicérate (famille à 8 pattes, par opposition aux insectes qui en ont 6) fuient comme la peste les endroits mal aérés, trop chauds ou trop humides. Elles débarquent chez vous ? C’est bon signe. Surtout qu’elle se nourrit d’autres insectes nettement plus embêtants (mouches, moustiques, punaises…) On vous dit : un véritable animal de compagnie.

Photo © Andrea Olga Mantovani

 
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Merci, les parents vont bien ?



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