Le pergélisol ? La plupart d’entre nous l’avons rencontré comme on découvre que notre discret voisin du dessus est en fait un serial killer. Il ne fait pas de bruit en descendant l’escalier, on a l’impression qu’il a toujours habité l’immeuble, et pourtant : ce type est une vraie bombe à retardement.

Le pergélisol, c’est cette croûte glacée qui emprisonne l’équivalent en carbone de 3 fois la surface forestière de la Terre. Et qui retient accessoirement dans la glace des bactéries préhistoriques prêtes à ne faire qu’une bouchée de nos frêles organismes modernes.

Mais en ce moment, le pergélisol est l’objet d’un tout autre bataille, digne de Jurassic Park : la start-up de biotech Colossal cherche à y ramener à la vie les mammouths laineux. Son but ? Repeupler la Sibérie des ces colosses qui, en piétinant le sol, pourraient diminuer sa température et ainsi freiner la fonte du pergélisol.

Le retour des mammouths laineux serait ainsi à la Sibérie ce que la digue géante du projet Mose est à Venise : une tentative pharaonique de résoudre un enjeu environnemental par la technologie.

Cette attitude qui consiste à transformer tous les enjeux en simple “problème technique” porte un nom : le solutionnisme technologique. Une attitude qui consiste un peu trop souvent, alors qu’on roule à fond vers une falaise, à se dire “accélère, la voiture va bien finir par s’envoler”...

En l’occurrence ? Les mammouths laineux demandent 22 mois de gestation et n’atteignent l’âge adulte qu’à 30 ans. Alors même si le projet aboutit, on voit mal comment il pourrait répondre à l’urgence climatique.

Plutôt que Siberian Park, et si vous alliez plutôt faire un tour vers Low Tech Land ? Par exemple sur Low Tech Lab : un wiki open source qui recense des centaines de tutos pour créer chez vous des systèmes utiles, accessibles immédiatement et durables. Ça va du dentifrice maison au multicuiseur solaire sans oublier l’incroyable pédalier multifonction de cuisine (digne du concours Lépine).

Parce qu'au final, le vrai mammouth dans le magasin de porcelaine, c'est surtout nous.