Depuis quelques semaines, l’humanité est en pause. Et la planète ne s’en est jamais mieux portée.

Dans les ports de Sardaigne, les dauphins cabotinent. À Wuhan ou en Lombardie, l’air n’a jamais été plus pur. À Venise, les eaux du Grand Canal s’éclaircissent depuis que le ballet interrompu des Vaporettos ne soulève plus des nuées de vase. À Barcelone, les sangliers déboulent sur les ramblas et à Paris, on ré-entend chanter les oiseaux.

Le ciel est plus pur, l’eau plus propre, le vent plus frais et le chant des oiseaux plus sonore. Tout ça parce que l’humanité se tait, et attend, chez elle. Humanité confinée, nature délivrée ?

Aujourd'hui, dimanche 22 mars, c’est la Journée Mondiale de l’Eau. En temps normal, les ONG qui luttent au quotidien pour apporter l’eau salubre aux 2,2 milliard d’individus qui n’y ont pas accès auraient dû se battre pour capter notre attention. Pour émerger parmi une actualité débordante et débordée et, l’espace d’une minute ou moins, tenter de nous faire passer ce message : "l’eau est une ressource précieuse, protégeons-la".

Mais les temps en ont décidé autrement. L’humanité se tait. Et ni les ONG ni les Nations-Unies n’ont plus besoin de prendre la parole - car la planète a décidé de nous parler, tout doucement.

Ce qu’elle nous sussurre, dans le frémissement de ses branches et le chant de son eau cristalline, les scientifiques le disent depuis longtemps : on ne peut plus attendre. Parce que :
  • D’ici à 2050, jusqu’à 5,7 milliards de personnes pourraient vivre dans des zones en pénurie d’eau au moins un mois par an.
  • D'ici à 2040, la demande mondiale d'énergie devrait augmenter de plus de 25 % et la demande d'eau devrait augmenter de plus de 50 %.
  • En limitant le réchauffement planétaire à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, nous pourrions réduire jusqu'à 50 % le stress hydrique induit par le climat.
Évidemment, les scientifiques sont un peu moins poètes que la Planète... Mais écoutons-les, et surtout, continuons à l’écouter, elle. Pendant les prochains jours, et surtout quand les choses auront repris leurs cours.


Et souhaitons une chose : que ce cours ne sera pas tout à fait le même.