Hello les greenreaders,

Aujourd'hui on donne la parole à Lionel Bordeaux, qui a dirigé la communication de la Conférence climat en 2015 en tant que Secrétaire Général adjoint de la COP21. Parce qu'on a pas mal discuté avec lui d'un sujet qui nous a bien intéressé : la flemme. 


"Ça chauffe. Ça se réchauffe. On le sait. On y pense. On en parle. A la radio, au café du matin, à l’apéro du soir. Mais en fait, avant le CO2, avant les voitures, les usines, les vaches qui pètent, la déforestation, il y a une cause, une cause que l’on n’évoque jamais : la flemme !
La mienne, la tienne, la nôtre : la flemme et aussi notre goût du douillet et du confortable, voilà les responsables du changement climatique. Si les courbes du CO2 ont commencé à s’affoler à partir de 1870, c’est que cela correspond à l’invention de la machine à vapeur de James Watt qui turbinait au charbon. La première machine gloutonne en énergie fossile.
Cette flemme a été rendue possible progressivement par l’invention d’outils et d’objets géniaux pour tout et n’importe quoi. Pour faire un café, plus besoin de récolter le grain, de le moudre, de faire bouillir de l’eau… Non, j’achète une machine, des capsules et j’appuie sur un bouton. On est devenus une civilisation de boutonneux. Il y a des boutons partout. Ça déclenche, ça marche. C’est magique.

L’énergie nécessaire pour fabriquer ces outils et les faire fonctionner, on l’emprunte à la terre. On fait bosser la terre à notre place en lui piquant ses provisions de pétrole, de charbon, de gaz... Oui, on remplace notre sueur par la sueur du monde. La terre chauffe en effet de tous les efforts qu’on n’a pas voulu faire. Et vous savez le plus dingue ? Toute l’énergie économisée par flemme ou par goût du confort, on en fait quoi ? On va la griller dans des joggings, des salles de sport, en zumba, en compagnie de coach sportif… Voilà la drôle histoire que nous sommes en train de vivre. 
Parfois, je me demande combien d’électricité on créerait si on mettait en réseau toutes les salles de sport du monde pour en récupérer l'énergie dépensée sur les vélos, rameurs, tapis de course... pas beaucoup sans doute par rapport à l’énergie que l’on utilise tous les jours.

La flemme et le goût du confort vont donc finir par rendre de nombreuses régions du monde très inconfortables…ça fait réfléchir non ? Alors, pour que ces lignes ne se limitent pas aux 75 secondes prises à la bataille mondiale de l’attention, quelques conseils :
 
Aujourd'hui, regardez cette vidéo de l'INA datant de 1977. Après les chocs pétroliers de 1974 et 1977, la France avait créé une Agence aux Économies d’Énergies. On n'avait « pas de pétrole mais des idées ». Comme celle du journaliste du JT de 20h Roger Gicquel qui demande aux téléspectateurs d’éteindre leurs lumières. En quelques minutes, la France économise l’équivalent de l’électricité utilisée à Nice. Epatant.

Demain, faites l’expérience de la gratitude pour tous les boutons que vous allez presser, les moteurs qui vont vous déplacer, l’eau chaude qui va vous laver, les mails envoyés, les photos échangées sur vos téléphones, l’ascenseur utilisé, les séries regardées, les lumières allumées, le frigidaire ouvert... Chacune de ces actions utilise de l’énergie et contribue à chauffer l’atmosphère. 

Après demain, essayez de vivre une journée à la Madame et Monsieur Prévost, un couple canadien qui vit sans électricité depuis toujours : ok la barre est haute. Mais cela nous fait réaliser à quel point on utilise de l’énergie tous les jours sans même s’en rendre compte."