Quelque part au milieu de l’Atlantique, au large des Canaries ou peut-être des Açores, les alizées ont soufflé un peu plus fort. Les ridules à la surface de l’eau se sont amplifiées. Des vaguelettes sont apparues, au sommet desquelles une écume blanche s’est formée - comme si l’océan impatient avait déjà l’eau à la bouche de la tempête à venir.

Il y a eu une brise un peu plus appuyée, et une petite goutte s’est détachée de la vague. À peine arrachée à l’élément liquide, elle a rencontré l’air chaud du Gulf Stream… et elle s’est immédiatement évaporée.

La suite de cet incroyable thriller météorologique ? Passés à l'état gazeux, les molécules d'eau ont entrepris une lente ascension vers les régions les plus élevées de la troposphère. Là, elles ont rejoint une masse d’air humide. Portées par les courants de haute altitude, elles ont survolé la mer pour finalement rencontrer un air plus chaud au-dessus d’un relief côtier. La masse d’air humide est devenue un nuage. Celui-ci a poursuivi sa route jusqu’à une prochaine montagne, où un subit changement de pression a déclenché une nouvelle réaction. Il a plu.

C’est à ce stade de l’histoire palpitante de cette goutte d’eau que vous entrez en scène... via le très beau site River Runner. Déposez une goutte d’eau à n’importe quel endroit de la planète. Le site agrège l’intégralité des réseaux hydrographiques mondiaux pour retracer son parcours jusqu’à l’océan.

Tombée à Perry, dans le Missouri ? Elle rejoint la Lick Creeck, puis la Salt River avant de se noyer dans le grand Mississipi, qui l’emmènera jusqu’au Golfe du Mexique. À Ouesso, au nord du Congo, elle passe par un petit bras de rivière avant de rejoindre la Sangha puis le mythique fleuve Congo, jusqu’à la baie de Diogo Cao, en Angola. Le site vous fait même parcourir le chemin de votre goutte d’eau en survolant la carte.

Pour la première fois, voyagez à dos de goutte d’eau.

Crédit photo : @roadtripwithraj, Unsplash