Comme aime à le rappeler L’Intimiste, la newsletter dominicale de l’infra-ordinaire, le 28 novembre marque au Japon, où l’on compte 72 micro-saisons, l’entrée dans le kosame tokidoki furu : la saison où “des bruines se mettent parfois à tomber”.

C’est vrai : il pleut. Pourtant, la plus grande partie de l’humanité semble davantage encline à l’héliotropisme - l’attirance pour les lieux ensoleillés - qu’au “pluviotropisme”, mot dont l’inexistance suffit sans doute à dire le faible potentiel commercial.

Et malgré tout... la pluie a ce pouvoir peu ordinaire de réduire le spectre de notre champ de vision, de ralentir le rythme de nos existences éffrenées - comme sur la route, où elle nous impose de réduire notre vitesse. En nous recentrant sur le foyer, elle nous fait porter attention à ces petites choses qui n’existent pas le reste du temps.

Pluviotropisme n’existe pas ? Qu’importe, d’autres se sont chargés d’inventer ces mots qui désignent la manière dont l’automne altère notre perception. En voici quelques uns, avec aussi les endroits où les ressentir avec encore plus d’acuité.

Le pétrichor chez Plantations Paris
Le pétrichor, c’est un liquide secreté par certaines plantes. Et par extension, c’est aussi l’odeur qu’exhale le sol après la pluie - particulièrement en forêt. Le meilleur endroit où goûter l’odeur du sol à Paris, c’est peut-être chez Plantations Paris : un jardin urbain de 7000m2 où l’on peut au choix commander ses légumes ultra-locaux, participer à des ateliers ou des formations.

L’ambedo de la pluie qui tombe au Jardin Suspendu
L’ambedo, c’est cette transe mélancolique et un peu vertigineuse qui nous fait nous abîmer dans la contemplation de micro-phénomènes. Qui n’a jamais suivi le sillon des gouttes de pluies sur une fenêtre détrempée comme si c’était le Tour de France ? Plongez dans l’ambedo à la serre du Jardin Suspendu du square Antoine Blondin, dans le 20e arrondissement. Regardez la pluie tomber à travers la vitre, puis ressourcez-vous avec une séance de yin yoga ou de méditation olfactive.

La sillience des petits objets du quotidien aux Puces de Saint-Ouen
La "sillience" s’applique d’abord aux personnes : mélange de « silence » et de « brillance » en anglais, elle désigne l’excellence discrète de celles et ceux qu'on ne remarque jamais. Un peu comme ces très beaux objets du passé, qui terminent leur vie dans les greniers ou, pour les plus chanceux d’entre eux, aux Puces de Saint-Ouen. Vous trouverez peut-être dans la nouvelle boutique Peulan un des ces luminaires au charme discret et vieillot - mais dont l'énième nouvelle vie illuminera vos après-midis pluvieux.

Et aimer ces après-midis où l’on allume la lumière dès 15h pour siroter un thé sous un plaid, ça aussi, c’est une forme de pluviotropisme…